Fontenoy présentée par Daniel Locus

Fontenoy – Daniel Locus

Daniel Locus, photographe et vidéaste, a participé à la première édition d’Intersections en 2019. Il a fait don à l’asbl d’une de ses oeuvres, “Fontenoy” qui est actuellement présentée au Musée de Folklore et des Imaginaires.

L’artiste nous présente son oeuvre dans une interview.

Peux-tu nous parler de ta démarche dans ce travail de photographies verbales ? Pourquoi mêler l’image et le verbe/le mot ?

Ce travail, histoire d’Histoires, est l‘instantané à un moment x d’une réflexion au long terme sur la portée de l’image.  Le statut incertain de celle-ci, sa prolifération “informative“ mais aussi normative m’interpelle de longue date.

L’image dit tout et son contraire: selon le contexte, en séquence, illustration, images “choc“ en une. Elle séduit, explicite, veut narrer, ou laissée à elle seule se veut objective face au spectateur/consommateur.

Comment est née la série « hors de l’histoire » présentant le nom d’une ville au centre d’un paysage flou ?

J’ai voulu superposer une apparente sobriété, image neutre, floue, urbaine ou champêtre au graph incisif du mot, des noms de lieux inconnus à la présence ambiguë ou lourds de leur passé et chargés da violence, et par la suite de figures proposées, interroger le  regardeur sur sa perception de l’histoire au travers de ces noms.

Cette œuvre est fictionnelle : les lieux ne sont aucunement certifiés authentiques, le mot seul y apporte un semblant de vérité.

Spécifiquement sur la photo Fontenoy : comment est venue l’idée de ce sujet ? En quoi est-ce important de créer une telle photo dans le contexte d’Intersections ?

Fontenoy s’est imposé comme un jalon de cette cartographie particulière, banlieue de Tournai, témoin oublié d’un mortel face-à-face militaire. Cette inclusion dans le projet avait tout son sens à la fois clin d’œil à la ville qui m’accueillait et sujet de réflexion pour les visiteurs par la juxtaposition de noms comme Dresde, Bellewaerde, Sakiet Sidi Youssef.

Cette photo est aujourd’hui exposée au Musée de Folklore grâce à ton don à l’asbl Intersections : Quel est ton sentiment de retrouver ta photographie plutôt « minimaliste » et contemporaine dans le musée de Folklore et des Imaginaires ?

L’Histoire est trop souvent dissociée de la petite histoire, l’art de la guerre de la vie des hommes dont sont faites les armées, la victoire de la boucherie humaine sous-jacente. La présence de cette œuvre est une tentative de mettre l’Histoire au niveau de sa composante humaine essentielle qu’est l’homme et de poser des questions fondamentales sur l’usage étatique de la violence.

Un essai de renvoyer dos à dos l’Histoire et son récit officiel.