Editeur
- Peux-tu nous parler de ton parcours personnel (études, famille,… )
J’ai étudié au Carré des arts à Mons et dans l’atelier de mon grand-père Arthur Robbe. J’ai également fréquenté quelques ateliers à Paris, au Québec, en Italie et dans le sud de la France.
- Ton atelier à Frameries est devenu un lieu incontournable pour beaucoup d’artistes belges et étrangers, présente-nous ton travail dans la lithographie, ta maison d’édition, tes projets actuels et à venir.
Depuis 1996, j’ai repris la succession de l’atelier de mon grand-père Arthur Robbe en perpétuant les techniques de la lithographie et de l’estampe en général en y introduisant des moyens plus contemporains comme l’alugraphie et l’impression pigmentaire.
J’y accueille de nombreux artistes belges et étrangers tels que Adel Abdessemed, Priscilla Beccari, Charley Case, Jacques Charlier, Edith Dekindt, Perter Downsbrough, Luciano Fabro, Michel François, Ann Veronica Janssens, Walter Swennen, Lawrence Weiner, pour n’en citer que quelques-uns. Ils viennent y travailler pour des galeries, musées ou pour mes propres éditions.
En ce moment, je suis occupé à préparer de nouveaux projets avec François Curlet et le guitariste Rodolphe Burger, avec Raphaël Decoster et Emilio Lopez Menchero. Matt Mullican est aussi venu récemment réaliser une estampe dans le cadre de son exposition monographique au Mac’s.
Nous sommes également occupés à revoir les espaces de l’atelier, en vue d’agrandir les lieux pour accueillir de nouvelles techniques, accueillir des expositions et pouvoir loger les artistes. L’ouverture de cet espace est prévue pour septembre prochain.
- Peux-tu nous présenter en quelques mots la technique de la lithographie : caractéristiques, pratiques, particularités, temporalité…
La lithographie est une technique mise au point il y a deux siècles. Elle est basée sur le principe de répulsion du gras et de l’eau. L’artiste réalise directement à même la pierre un dessin à l’aide d’une encre grasse.
Ce dessin pourra ensuite être imprimé sur le papier, en plusieurs exemplaires et avec le respect de toutes les valeurs et densités que le dessin comporte.
Cette technique est toujours très précieuse pour les propriétés singulières qu’elle présente, comme la grande subtilité des matières et la profondeur des couleurs.
- Quels liens entretiens-tu avec les artistes qui passent par ton atelier ?
Le travail avec les artistes nécessite une grande complicité et une compréhension de leur travail. Il s’agit non seulement de respecter au mieux leurs exigences par rapport à une technique parfois nouvelle pour eux mais aussi d’interpréter au mieux la sensibilité et les intentions que représentent leur travail.
- Pour faire le lien avec notre exposition « Posters Now ? », selon toi quelle place, quelles caractéristiques, quelles libertés ou contraintes peut avoir le format de l’affiche dans le travail d’un artiste, d’un graphiste ?
L’affiche est un support très particulier en matière de création. Elle représente un espace dans lequel l’artiste va s’exprimer en vue de communiquer et de faire passer une intention qui doit être lue et vue de manière évidente. Pour cela interviennent la qualité et la pertinence de l’idée et du dessin, le choix judicieux de la typographie et la qualité d’exécution lors de l’impression.
Questions/Réponses
- Un mot pour définir ton travail ?
La rencontre
- Un mot pour définir de design graphique ?
Pertinent
- Un artiste qui t’inspire ?
Il y en a énormément mais pour tenter de répondre à la question et rester dans l’univers de l’atelier, je dirais celui avec qui je travaille au moment présent.
- Une œuvre que tu gardes en mémoire ?
Là aussi, c’est très difficile de choisir. Je suis tellement entouré d’œuvres. Cela dépend de mon humeur, de mes recherches et des préoccupations du moment. Je pense cependant à la toute première commande qui me fût confiée à la reprise de l’atelier. Il s’agissait d’un travail pour l’artiste anglais David Tremlett. L’estampe était constituée d’une vingtaine de passages couleurs. Un véritable chalenge à mener dans un délai assez serré. J’y ai passé quelques nuits blanches, avec une multitude d’interrogations et face à une machine que je ne connaissais pas encore bien. Je me souviens que j’étais obsédé par ce défi qui fût heureusement une très belle réussite. Tremlett était enchanté et cette aventure m’aura sans doute encouragé pour toutes les autres rencontres à venir.
- Un lieu important pour toi ?
Pour rester purement dans le contexte de mon travail, je dirais la cuisine de mon atelier. C’est un endroit où les journées démarrent, où les projets se mettent en place et un lieu de réjouissance une fois le travail bien accompli.